Introduction
Le naturalisme prolonge, en l’exacerbant, le littéraire. Sous l’impulsion des frères Goncourt et d’Emile Zola, le naturalisme se développe en théorie littéraire : "Toute l’opération consiste à prendre les faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux" (Zola, Le Roman expérimental). Le roman devient donc, plus que le produit d’une expression artistique individuelle, le lieu d’une expérience scientifique.
Émile Zola veut laisser dans le roman le moins de place possible à la création. «Le don de voir est moins commun que celui de créer.» Zola ne voit point le sophisme: l'auteur qui crée a vu déjà; l'étude de l'individu et l'observation des détails lui sont indispensables pour la conception du type et de l'ensemble. Zola pousse à fond son idée, ingénieusement suivie d'ailleurs. «De même qu'autrefois on disait d'un romancier: il a de l'imagination, je demande qu'on dise aujourd'hui: il a le sens du réel.»
Les romans seront ainsi de fortes pages d'étude; leur intérêt sera dans la nouveauté des documents et l'exactitude des peintures. Ils seront enfin le «procès-verbal humain» que rêve la nouvelle école.Le romancier que veut être Zola, il nous l'a dit en deux lignes: «Celui qui a le sens du réel, et qui exprime avec originalité la nature en la faisant vivre de sa vie propre...»